mardi 26 octobre 2010

Petit otage d'un petit conflit

En 2007, ma blonde et moi avons tous deux fait l'acquisition d'un véhicule Chevrolet. Le vendeur est un membre de ma famille, directeur général dans une concession de la région de Montréal. Nous sommes satisfaits à la fois de nos véhicules et du service obtenu, jusqu'à tout récemment. Suite à la faillite de GM en 2008, deux des trois concessions du grand Trois-Rivières ont fermées, ayant pour conséquence d'engorger le seul garage demeuré ouvert et d'"enfantdechienniser" la vie des propriétaires GM, victimes de la conjoncture deux fois plutôt qu'une.

Je n'ai aucun lien quel qu'il soit avec quiconque lié de près ou de loin à TR Chevrolet. Par contre je puis vous dire, de source "familiale" sûre, que depuis la faillite de GM, les couvertures des garanties en ont prises pour leur rhume. Les aviseurs ne peuvent plus réclamer autant qu'auparavant. Une multitude de pièces et de tâches n'étant plus couvertes. Le résultat est que les départements de services sont aujourd'hui difficilement rentables et qu'ils sont plus souvent qu'autrement déficitaires.

Citation du membre de ma famille: "Si j'étais aux prises avec un conflit de travail au service, je ne serais pas pressé de le régler parce que dans mon cas, je sauverais de l'argent."

J'ignore tout du conflit et de la situation actuelle chez TR Chevrolet, sauf les problèmes qu'ils me causent. Je n'ai aucun parti pris dans ce conflit sauf celui du gros bon sens qui est de donner du service à des clients à l'approche de l'hiver. Mais une chose est sûre pour moi, les problèmes partent de la restructuration de GM qui ont amputés les couvertures de garanties par souci d'économie et on peut craindre d'autres conflits du genre partout au Québec. Il est peut-être temps que le gouvernement fédéral, qui a injecté des milliards de nos dollars dans cette compagnie, mette un peu de pression sur les dirigeants de GM Canada pour aider ses concessionnaires et leurs employés qui ont tous déjà suffisamment souffert de ses déboires.

Pour ma part, malgré que je sois satisfait de mon Malibu, mon prochain véhicule sera soit un Ford, soit un Kia, deux marques en santé vendues près de chez moi à Ste-Anne-de-la-Pérade. Vivement l'achat local et la paix d'esprit!

vendredi 15 octobre 2010

Appellation d'origine contrôlée

Et bien c 'est fait. Le frère André est maintenant Saint. On doit maintenant dire Saint-André-de-Montréal. Personnellement je trouve que ça sonne bien. C'est un peu comme "l'Agneau de Charlevoix". Une appellation d'origine contrôlée quoi! Car à n'en pas douter, il y a bel et bien contrôle. Et sévère par-dessus le marché. Il aura fallu plus de soixante-treize ans à l'église catholique pour reconnaître le Saint en lui. Un rigoureux processus à n'en pas douter, et qui débouche sur une grande et majestueuse célébration pour l'église catholique. Que bien lui en fasse. Pendant que les croyants font la fête et que les athées font semblant de s'en foutre, pour ma part, peut-être à mi-chemin entre les deux, je réfléchis.

Comme plusieurs d'entre vous, je connais très mal le frère André. Je me suis donc attardé à sa biographie. Sa jeunesse marquée par la maladie, son entrée en religion et enfin sa longue et grande carrière de portier-guérisseur dévoué à St-Joseph, à qui il attribue d'ailleurs les guérisons miraculeuses. Une vie pour laquelle j'ai beaucoup de respect voir de l'admiration. À n'en pas douter un grand homme. Se considérait-il lui-même comme un saint? Pas du tout. Mais pourtant aujourd'hui il l'est devenu malgré lui et ils sont des millions à le croire. Un peu comme le sauveteur que l'on proclame héros alors que lui-même considère simplement avoir accompli son devoir. Simple question de perceptions ou choc de deux vérités contradictoires?

J'ignore la place qu'occupera le frère André dans la Sainte hiérarchie catholique, entre Sainte-Marie et Sainte-Rita, et sincèrement je m'en fous royalement. Une chose est sûre, aujourd'hui je ne voudrais pas occuper la place d'une victime de prêtre pédophile, je ragerais. Ce qui me trouble le plus de cette canonisation est la non-démonisation. Le frère André faisait partie de l'ordre de Sainte-Croix. Or, grâce à l'émission Enquête, nous apprenions récemment que cet ordre et ses dirigeants sont soupçonnés d'avoir couverts des pédophiles et des abuseurs d'enfants qui oeuvraient comme professeur auprès des enfants au sein même de l'institution, pendant des décennies. Rien pour ternir la mémoire du frère André, il était loin au-dessus de tout ça, j'en suis convaincu. Mais une question se pose néanmoins; si l'église catholique a mise plus de soixante-treize ans à reconnaître l'un des meilleurs d'entre eux, combien de temps mettra-t-elle à reconnaître les pires? Quand se décidera-t-elle à "démoniser" la rapace qui s'est cachée sous une soutane pour assouvir ses bas instincts? Serait-ce parce qu'elle ne veut pas avoir à dédommager une horde de victimes enragées? (Et avec raison de l'être)

Je ne peux que conclure à une grande, mais très grande hypocrisie qui soulève inévitablement des questions sur la "bonne foi" de cette institution, (sans mauvais jeu de mots) aussi figée que sa doctrine, louangeant un glorieux passé où elle faisait la pluie plus souvent que le beau temps sur un Québec illettré. Bien sûr des armées de religieuses ont soignés et éduqués des générations de Québécois au sacrifice de leur vie. J'en suis d'ailleurs et je garde de bons et doux souvenirs de soeur Françoise Drolet, prof de sixième, crainte parfois, comme tout adulte de cette époque, mais toute dévouée et patiente qu'elle était, elle a gravée en moi un souvenir indélébile d'amour, de dévouement et de respect. Tant aussi bien que je me demande aujourd'hui si cette institution est digne de gens comme le frère André et soeur Françoise et si elle ne fait pas que récupérer à son profit des exploits que l'amour et la foi, et non une quelconque dévotion à son endroit, ont accomplis.

vendredi 24 septembre 2010

Mourir dignement en Afghanistan

Les travaux de la Commission Mourir dans la dignité n'étaient pas encore entamés que déjà le gouvernement Harper réaffirmait haut et fort sa position ferme sur le sujet, c'est à dire le maintien du statut quo actuel, et le refus de toute modification du code criminel qui pourrait éventuellement donner un tant soit peu de marge de manœuvre légale aux médecins. Hors sans modification du code criminel, si les Québécois décidaient, comme il semble très probable, que mourir dignement est un droit et que des mesures en ce sens devraient être mises en place, le fin mot de l'histoire reviendra toujours au gouvernement fédéral, qui ne veut rien entendre. Bien sûr certaines avenues sont de responsabilité provinciale, mais au final la modification du code criminel relève du fédéral uniquement, les provinces ne pouvant que suggérer certains amendements.

Le Québec est donc une nation sur papier, mais quand vient le temps de faire preuve de courage et de décider du sort des plus démunis d'entre nous, on nous refuse d'emblée ce droit le plus élémentaire. Pourtant, toute nation quelle qu'elle soit devrait avoir ce genre de droit, au même titre que l'autodétermination. Notre peuple formait une nation capable de prendre en main sa destinée bien avant que M. Harper se décide à le reconnaître, et nous le serons encore lorsqu'il sombrera dans l'oubli.

Dans les faits, même l'Orégon, état américain de la côte ouest, a voté une loi en 1997 autorisant le suicide assisté pour les malades en fin de vie, leur donnant ainsi le droit de mourir dignement. Toute une structure a été mise en place par l'état et fonctionne très bien. Comme quoi même aux États-Unis, les états qui ne forment pourtant pas des nations reconnues par le gouvernement central, ont davantage de lassitude que les provinces canadiennes.

La question que je me pose aujourd'hui est pourquoi Stephen Harper refuse-t-il même d'envisager accorder ce droit aux mourants, alors qu'il l'accorde à nos jeunes soldats en Afghanistan? Faire partie d'une force armée c'est un choix libre, le choix d'accepter le risque de mourir dans la dignité, au nom de son pays et des valeurs qu'il défend. Que l'on soit pour ou contre la guerre en Afghanistan n'a pas d'importance car dans les faits, mourir pour son pays est à mon sens une mort très digne. Mais mourir d'épuisement après des semaines voire des mois de souffrance, c'est tout sauf digne. Accordons à ces gens condamnés, malades et démunis, le même droit que nous accordons à nos soldats pétants de santé. Car au contraire de nos soldats, ces gens n'ont pas la chance d'aller mourir dignement en Afghanistan.


mardi 14 septembre 2010

La commission Galianos svp

Depuis déjà quelques semaines, la commission Bastarache nous fait passer par toute la gamme d'émotions, de la colère, à l'incrédulité, en passant par le découragement et l'écoeurement pur et simple. Des semaines à s'empêtrer dans des mensonges, des demi-vérités, à tenter de démêler le vrai du faux sans jamais réussir à y parvenir. Les seuls grands vainqueurs de tout ce cirque médiatique sont les avocats qui à 400$ l'heure se pourlèchent de cette vaste fumisterie en pensant à la prochaine "Béhème" qu'ils pourront s'offrir.

Pourtant la solution est si simple si nous voulons réellement découvrir la vérité; il suffit de congédier ce cher Bastarache et embaucher plutôt John Galianos. Je vous entends déjà penser mais c'est qui ça Galianos? Le cousin à Gagliano? Pas du tout! Galianos est le tout premier polygraphiste de l'histoire de la sûreté du Québec. Il fait ce métier depuis 1976 et aujourd'hui il offre ses services à titre de polygraphiste indépendant. Quelques questions, sur quelques jours et pour quelques milliers de dollars, et nous saurions une fois pour toute le fin mot de l'histoire.

Au mieux tout sera clair comme du crystal; un tel ment, l'autre dit la vérité. Ou encore, l'un ment un peu plus que l'autre, et dans le pire des cas il nous dirait qu'il lui est impossible d'émettre une opinion puisque l'un des deux, on se doute lequel, serait en mesure de déjouer le test, tant habitué à mentir qu'il est. Et même dans cette éventualité nous serions gagnants car même si au sujet de la nomination des juges nous n'aurions pas l'heure juste, nous saurions à tout le moins qu'il nous a si souvent menti qu'il lui est possible de déjouer un polygraphiste de 35 ans de métier.

Je ne comprends pas qu'étant aussi bien entouré et conseillé, que notre cher PM n'ait pas envisagé cette option pour clouer le bec à Me Bellemare, lui si outré par autant de mensonges et se prétendant préoccupé que par l'éclatement de la vérité uniquement, d'où l'étroitesse du mandat de la commission évidemment. Finalement, au point où il en est, son seul espoir de redorer son blason serait de passer ce test et de le réussir, autrement ses jours demeureront comptés.

vendredi 16 avril 2010

Solution au décrochage scolaire

Il y a quelques mois je dînais dans un restaurant bondé et je n'eus d'autres choix que de m'asseoir à la table d'une dame seule qui devait avoir l'âge de ma mère. Nous avons donc discuté de tout et de rien et à un moment elle m'a confié que son fils, d'environ le même âge que moi, avait été un décrocheur, ne terminant pas son secondaire. Et c'est à ce moment qu'elle m'a dit avoir une solution efficace pour contrer le décrochage. Sceptique j'étais... Mais son raisonnement et son idée ne sont pas bêtes, bien au contraire!

À l'âge où la majorité des jeunes décrochent, la priorité de la grande majorité d'entre eux est d'obtenir à tout prix leur liberté avec le fameux permis de conduire. Ils n'ont pas conscience de l'importance du diplôme d'études secondaires et à leurs yeux le permis de conduire à cent fois plus de valeur! Mais ce permis est un privilège et il peut très bien nous servir dans la lutte au décrochage scolaire. Et à peu de frais par-dessus le marché. De 14 à 18 ans, la détention d'un permis de conduire pourrait être conditionnel à la poursuite d'études et à la réussite scolaire. Que ce soit au cheminement régulier ou en études professionnels, tant que le jeune demeure à l'école et passe ses cours, il conserve son permis de conduire. Au premier signe d'échec ou d'abandon, un avertissement et deux mois de remise à niveaux pourraient lui être accordés jusqu'au prochain bulletin sinon l'école fait un signalement à la SAAQ et son permis de conduire serait automatiquement suspendu jusqu'à ce qu'il ait obtenu un DEP, un DES, réussisse de nouveau à l'école ou qu'il atteigne la majorité.

À quoi bon lâcher l'école et aller travailler au salaire minimum à seize ans, si il ne peut même pas conduire un scooter! Parions qu'une majorité sinon une bonne proportion de jeunes choisiront, peut-être à contre-coeur, le chemin des bancs d'école. Ils nous en voudront peut-être un peu mais un jour ils nous remercieront.

Je vous le dis, le permis de conduire est le meilleur outil que nous possédions pour lutter à court terme contre le décrochage scolaire. Nous l'avons et n'en tient qu'à nous de nous en servir à bon escient. Ne manque qu'à faire connaître l'idée et peut-être réglerons-nous ce problème de société une fois pour toutes. Merci à cette mère aimante de m'avoir partagé son expérience et ses réflexions.

jeudi 1 avril 2010

Les accomodements à sens unique

Cette semaine c'est la pâque juive. Pessa'h comme ils l'appelent. Cette fête commémore l'Exode des Hébreux hors d'Égypte. Pessa'h marque la « naissance » des enfants d'Israël, dont est issu le peuple juif. Comme la plupart des rites et traditions religieux, à la base c'est tout à fait noble. Mais voilà cette semaine à Montréal la fête a quelque peu dégénéré. L'arrondissement Outremont, pour accomoder les nombreux juifs hassidiques désireux de procéder au rituel de la crémation des pains, a mis à la disposition des fidèles un espace sécuritaire pour procéder. Hors voilà, pressé d'en finir pour 11h40, selon les exigences du rite, les fidèles se sont précipités pour tout brûler le plus rapidement possible, ne prenant plus la peine de retirer les pains de leurs sacs de plastique. Résultat; les incendies ont pris de l'ampleur et dégageaient beaucoup de fumée. Les pompiers ont donc décidés, pour des raisons de sécurité, d'éteindre ces feux et de mettre fin au rituel. Scandale! Les uns crient à l'antisémitisme, les autres implorent leur droit à un accommodement en vertu de la liberté de religion. Qui a raison, qui a tort? Les pompiers ont-ils agis trop rapidement? Les juifs ont-ils respectés leur engagement quant au déroulement de la cérémonie? Je l'ignore, n'empêche que je crois à la bonne foi des autorités qui dès le départ ont acceptés de permettre aux juifs de procéder à ce rituel en toute sécurité.

Je suis pour les accommodements raisonnables, tant que ceux-ci demeurent raisonnables. Le problème est que la ligne est très mince entre le raisonnable et le déraisonnable. Le raisonnable est de leur permettre de procéder à ce rituel en toute sécurité puisque ça ne change rien pour nous et ça change tout pour eux. C'est même plus simple de permettre ce rituel que d'aménager un fumoir à la sortie d'un restaurant ou une rampe pour handicapés, ce que nous faisons avec plaisir partout où c'est possible. Le déraisonnable par contre c'est de pousser toujours plus loin les demandes et de crier à l'injustice dès l'instant que les conditions ou la réponse leur déplaît. L'injustice c'est nous qui la subissons en se faisant traiter à tort d'être raciste, injuste ou antisémite et c'est pourquoi je pense que les québécois ont autant de misère à avaler la pilule des accommodements dits raisonnables. Mais ne nous laissons pas envahir par de mauvais sentiments pour autant et n'oublions pas que l'agitation provient la plupart du temps d'une minorité, comme les débordements de la parade de la coupe Stanley ou le brasse-camarade syndical. L'oeuvre d'une minorité.

Pour terminer sur ce délicieux sujet des accommodements raisonnables, cette semaine ma blonde a dû justement passer une nuit à Outremont à l'hôtel Quality Midtown de la chaîne Choices Hotels. Elle a réservé dans cet hôtel pour la proximité de sa destination bien sûr mais aussi parce qu'ils offrent le petit déjeuner continental le matin, très pratique. Mais quelle ne fut pas sa surprise justement de constater qu'au petit matin, en raison de la pâque juive, il n'y avait pas de pain pour déjeuner. Pas de croissant ni de muffin non plus. On lui a refusé tout morceau de pain et on lui a carrément dit que c'était en raison de la pâque juive. Elle a évidemment demandé un accommodement, elle n'est pas juive. Que les juifs refusent le pain si ça leur chante, ça ne devrait pas empêcher les clients non-juifs de l'hôtel d'en manger. Mais on ne lui a pas accordé, ils étaient intransigeants à ce sujet. On ne mange pas de pain dans un hôtel du quartier juif durant la pâque juive, point final. Outremont c'est plein de sens unique, et pas seulement sur une carte.

Pour terminer, je vous suggère un documentaire inédit sur la traque des criminels de guerre nazis diffusé récemment sur TV5, et disponible en ligne sur TV5.ca sous le titre La traque des nazis. Ce documentaire retrace l'histoire de la longue traque des criminels de guerre Nazis, de 1945 à aujourd'hui. On y fait la connaissance de trois personnages d'exception; l'Autrichien Simon Wiesenthal et le couple français Beate et Serge Klarsfeld. Pour la première fois on y montre des documents d'archives jusque là jugés impossibles à montrer. Ma fille de 14 ans en est resté bouche-bée, leurs cours d'histoire ne va pas très loin au sujet de l'holocauste. Vivement que cette situation se corrige pour que passe enfin le message des amputés de guerre : JAMAIS PLUS LA GUERRE!

dimanche 14 février 2010

L'indécence des chiffres

Le terrible séisme à avoir frappé Haiti le 12 janvier dernier aurait fait, selon le dernier bilan officiel, 270 000 morts, au moins le double de blessés et 1,2 million de sans-abri. Ce séisme, rappelons-le, était de 7,3 sur l'échelle de Richter. En 1989, un terrible séisme de 7,1 sur l'échelle de Richter secoue violemment San Francisco. On se souvient tous des images saisissantes de cette autoroute superposée qui s'était affaissée, tuant et emprisonnant des dizaines d'automobilistes, ce qui avait donné lieu à de beaux gestes de courage et même inspiré un film. Le bilan? 62 morts...

Qui du tremblement de terre ou des normes de construction tua le plus à Port-au-Prince? Certains suggèrent de ne pas rebâtir la ville à cet endroit, car trop dangereux d'un point de vue sismique. Pourtant Tokyo et tout le littoral de la Californie est bâti sur un risque sismique encore plus élevé, sauf que les normes de construction font toute la différence. Il faut donc aider les Haitiens à reconstruire mais en respectant des normes minimales et surtout leur montrer comment faire. Leur montrer l'importance de ne pas étirer le mélange de béton avec du sable, l'importance de l'armature de métal, même si elle ne se voit pas, etc... Tout est à rebâtir, en commençant par les mentalités et les façons de faire. Mais avec un peu de volonté et de soutien financier c'est faisable.

Parlant de soutien financier, le coût estimé de la reconstruction sur 5 ans est évalué à 10 milliards de dollars US. La somme peut paraître énorme mais c'est peu comparé aux quelques 149 milliards que les grosses financières américaines de Wall Street (je suis incapable d'utiliser le mot "grande" pour les décrire) ont octroyés en bonus à leurs dirigeants uniquement pour 2009.

Pendant ce temps à Vancouver c'est la fête. La fête du sport, de la paix et de la fraternité mondiale. C'est vraiment très beau et je l'avoue j'ai du plaisir à regarder les jeux olympiques. Sauf que cette année j'ai comme qui dirait un petit malaise qui vient de la facture de ces jeux. Comme si je mangeais dans un restaurant hors de prix et que le total appréhendé de la facture me privait en partie de mon plaisir et affectait ma délectation. Le coût total des jeux serait de 9 milliards. Pour ce montant on reconstruit en partie un pays et pouvons sortir un peuple de sa misère, mais nous préférons nous amuser. Je sais le tout était prévu et dépensé bien avant le tremblement de terre mais je crois qu'il y a au minimum une petite réflexion à faire sur le sujet. Je ne suis pourtant pas contre les jeux, mais 5 milliards pour les jeux aujourd'hui et 4 milliards pour notre prochain n'auraient pas fait le travail? Pour votre gouverne, l'aventure olympique a coûté 40 milliards à Pékin, 16 milliards à Athènes et Londres serait rendu à 19 milliards.

Revenons au Canada où nos grosses banques délient littéralement les cordons de leurs bourses pour venir en aide aux sinistrés Haitiens. Par exemple, la RBC a fait un don de 100 000$. Montant des bonus versés aux dirigeants de la RBC uniquement pour 2009 selon le Globe and Mail? 3.56 milliards. Leur don équivaut donc à 0.0028% du bonus annuel. Mettront-ils ce montant dans leur rapport d'impôt à la ligne don de charité d'après vous? Ou à moins que ce soit à la ligne publicité puisque le jour de l'annonce en question toutes les grandes chaînes en ont parlées aux bulletins de nouvelles comme si ils étaient de grands philantropes.

Parfois je trouve les chiffres très indécents. Ils se dévoilent sans dentelle ni ponpon pour qui sait compter sans s'en faire raconter.


mercredi 3 février 2010

Les deux solitudes... environnementales.

Les analystes politiques sont - ou étaient - tous d'accord pour dire que le ministre de l'environnement du gouvernement Harper, Jim Prentice, est un des plus solides ministres actuellement en poste à Ottawa. Fort de cette nouvelle assurance, il s'est lancé dans une attaque en règle du gouvernement Québécois dans sa décision d'imposer les normes Californiennes au parc automobile, qualifiant cette décision de folie. Il est vrai qu'il était de passage à Calgary, château-fort conservateur où la réduction des gaz à effet de serre est une préoccupation quotidienne...

Il est quand même ironique de voir un ministre de l'environnement fédéral reprocher à une province d'en faire trop pour l'environnement. À moins que ses intérêts premiers ne soient plutôt ceux du gouvernement conservateur, c'est-à-dire le développement des sables bitumineux et la relance à tout prix du secteur automobile nord-américain. Son devoir de réserve que lui impose sa condition de ministre de l'environnement aurait dû au minimum lui inspirer le silence. Mais les choses étant ce qu'elles sont, c'est-à-dire la pauvreté ministérielle chronique de ce gouvernement, Stephen Harper a visiblement choisi Prentice pour donner la réplique à la gifle reçue de Jean Charest à Copenhague. Comme quoi les deux solitudes se creusent et ne sont pas prêtes de se comprendre.

vendredi 29 janvier 2010

Haïti, cadeau pour l'humanité

En tant qu'occidentaux, nous avons souvent, voire toujours, la fâcheuse habitude de regarder de haut les populations des pays sous-développés. De les considérer comme nous étant inférieurs parce qu'ils vivent dans un bidonville ou sont illettrés. Leur "insignifiance économique" nous fait souvent nous désintéresser d'eux. Bref nous nous croyons, à tort, bien supérieur à eux. Et pourtant...

Le monde se définit exactement comme une cour d'école, à peine plus complexe. Rappelez-vous qui avait les plus belles chaussures, les plus beaux manteaux ou les plus belles casquettes? Les plus évolués ou les plus riches? Qui était toujours le "roi de la montagne" au sommet du monticule de neige en hiver? Le plus évolué ou le plus fort? Qui avait le plus de billes dans son sac? Le plus évolué ou le plus habile? Vous me voyez venir? Les plus beaux, les plus forts et les plus riches doivent la plupart du temps leur situation qu'à un complexe concours de circonstances qui a fait d'eux des privilégiés, mais surtout pas des êtres supérieurs. Être beau, fort et riche n'est pas un défaut en soi, si ces qualités servent à autre chose qu'à nourrir notre gigantesque et insatiable ego occidental, obsédé davantage par la croissance économique que le bien-être de nos semblables.

La ferveur avec laquelle le peuple haïtien passe à travers cette épreuve est une formidable leçon de courage et de résilience. Chaque jour ils prient Dieu de les avoir épargné. Vous imaginez? Ils ne lui en veulent pas, ils le remercient! Pour certains le fait d'être croyant est un signe de sous-évolution. Mais que l'on croit en Bouddha, Allah, Jésus-Christ ou simplement en la beauté de la Vie, le fait de croire en quelque chose qui nous dépasse et nous englobe à la fois est pour moi au contraire un formidable signe d'évolution duquel nous pouvons tirer de grandes leçons. Et que dire de leur formidable capacité de résilience, cette qualité qui leur donne la force de rebondir, de traverser les épreuves pour continuer à vivre et surtout vivre heureux! Vous imaginez-vous en train de chanter après avoir perdus tous ceux que vous aimiez? C'est ce qui a fait la différence au sortir de la seconde guerre mondiale chez les survivants de l'holocauste. Certains se sont suicidés, d'autres ont vivotés semi-dépressifs le reste de leur vie tandis que d'autres ont rebondis et ont eus des familles et des parcours de vie exceptionnels. Je crois qu'il ne nous incombe pas de porter des jugements sur ces différents destins, mais par contre on peut certainement admirer les plus beaux d'entre eux et en prendre exemple.

Aujourd'hui nous devons considérer le drame Haïtien comme un inestimable présent offert à l'humanité. Bien sûr ce drame n'était pas nécessaire vous me direz. Vous avez raison. Mais il est là et c'est à nous de profiter de la chance qui nous est donnée à travers lui, pour affirmer notre humanisme et l'amour de notre prochain. Certains sont déjà en marche. Laissons tomber nos arrières-pensées et n'apportons avec nous que des sentiments justes et vrais. Ce monde a soif de solidarité, de compassion et d'entraide. Abreuvons-le.

samedi 16 janvier 2010

Il ne manque que l'URSS...

Triste spectacle cette semaine que cette énième tragédie qui s'abat sur Haïti. Dans mon cas, jamais auparavant une tragédie ne m'avait autant touchée. Le tsunami de 2004 était tout aussi dramatique. Mais, malgré les chiffres ou les images, je crois qu'il y a un seuil au-delà duquel cela n'a plus d'importance. Un drame c'est un drame. Mais dans le cas d'Haïti c'est l'accumulation. C'est le déluge qui a fait déborder une piscine de larmes déjà trop pleine. Le comble c'est que certains veulent pisser dedans en plus.

Y a qu'à voir le ballet politique qui se joue autour de cette tragédie, moi ça me donne la nausée. Ca n'a d'ailleurs pris que quelques heures avant de commencer. En tête de ligne? Celui qui mène ce bal du désespoir en dansant autour du cadavre? Obaman, super-zéro amaricain. Les zamaricains débarquent et dès le départ prennent le contrôle de l'aéroport. Geste louable en soit, jusqu'à ce que l'on s'aperçoive qu'ils choisissent qui atterrit et qui vire de bord. L'aéroport c'est la porte d'entrée de l'aide internationale, c'est la porte de sortie des ressortissants étrangers devenus un fardeau et qu'il est préférable de voir repartir. Et comme le port est détruit et inopérant, tout doit transiter par l'aéroport. Qui contrôle l'aéroport contrôle donc qui peut venir aider. Vous allez dire Pat t'exagères, y oseraient pas faire ça. Ça leur ressemble, mais pas ici, pas dans de telles circonstances. Malheureusement oui...

Comme vous l'avez sûrement remarqué, j'aime bien faire quelques petits rappels historiques. La connaissance et la compréhension du passé nous est essentielle pour comprendre ce qui se passe et se trame sous nos yeux aujourd'hui. Haïti c'est le premeir pays au monde issu de l'abolition de l'esclavage. En 1804, les anciens esclaves et les colonisés Haïtiens ont battus les troupes de Bonaparte et déclarés leur indépendance. Mais depuis, le pays est demeuré dans la sphère d'influence française, comme de nombreuses colonies africaines. Le nerf de la guerre c'est justement ça, la sphère d'influence. Jusqu'à tout récemment les américains avaient la main-mise sur tout le continent sud-américain à quelques exceptions près. Mais des politiciens comme Chavez, Morales ou Lula sont venus brouiller les cartes. La sphère se rapetisse. C'est d'ailleurs sujet de conflit entre les États-Unis et la Russie, au sujet de l'élargissement de la sphère d'influence américaine aux frontières de la Russie. La possible adhésion à l'OTAN de la Géorgie, ancienne république soviétique, est le point déclencheur de la guerre russo-géorgienne d'il y a deux ans.

Mais pourquoi avoir une sphère d'influence? Pour de multiples raisons. Quand un pays en fait partie, encore plus quand il relève d'une crise, ça permet d'y exporter tous les biens de consommation dont ils ont besoin, ou dont on décide qu'ils ont besoin. Ou encore dont on prévoit qu'ils auront besoin pour se reconstruire. Vêtements, nourriture, pétrole, médicaments, armements, véhicules, etc... Depuis quelques temps déjà les américains s'intéressent à Haïti pour y développer une industrie textile bon marché et ainsi diminuer leur dépendance et surtout l'envoi de capitaux en Chine. Mais la France y est présente aussi, traditionnellement, mais les relations se sont refroidis depuis 2000. Vous me suivez? Haïti devient donc une sphère disponible. Je vous le dis, il ne manque que l'URSS pour se disputer le terrain comme en Europe à la fin de la guerre. Le fameux plan Marshall pour reconstruire l'Europe après la guerre était un ambitieux projet d'aide financière américaine dont l'Europe n'aurait pu se passer. Mais la condition sine qua non était que l'argent devait servir à importer des biens en provenance des États-Unis. Les jours qui suivirent le présent désastre, les américains parlaient déjà d'un plan d'aide en faisant carrément référence au Plan Marshall. Vous me suivez?

Revenons sur Port-au-Prince. Hier, deux avions français, l'un contenant tout le matériel pour établir un hôpital de campagne et l'autre transportant tout le personnel pour l'opérer ont dû rebrousser chemin, se voyant refuser l'atterrissage par les américains prétextant un trafic trop important. Pendant ce temps, tous les appareils américains, même ceux transportant de simples journalistes, plus utiles qu'un hôpital de campagne, se sont vus accordés l'autorisation d'atterrir. La France s'est plaint mais peine perdue, ce sera pour une autre fois. Je crois la France de meilleure foi que les États-Unis mais ils peuvent toujours nous surprendre, comme au Rwanda en 1994 quand ils avaient permis aux génocidaires Hutus de trouver refuge en France en toute impunité.

Pendant ce temps Obaman envoie Hillary Clinton constater l'ampleur de la catastrophe. Non mais y était pas supposé faire de la politique différemment lui? Gagez-vous qu'elle va pouvoir atterrir elle? Pas besoin d'un politicien inutile de plus à nourrir! Les survivants ne sont même pas encore tous secourus des décombres et déjà des ressources vont être affectées à une visite officielle? C'est le bout de la bêtise. On dirait quasiment qu'il l'envoie planter le drapeau américain sur la désolation Haïtienne comme Armstrong l'a fait sur la lune. Hillary Clinton c'est bien la dernière personne que les Haïtiens ont besoin. Même leur président devrait être évacué tellement il est inutile et dépassé. Il y a en Haïti suffisamment de militaires et de diplomates internationaux de haut rang pour effectuer cette tâche. Mais que voulez-vous, les américains ont besoin de clips pour CNN et Clinton est bonne pour faire remonter les démocrates dans les sondages. Obaman veut surtout pas commettre l'erreur de Bush qui s'était sacré de la Louisianne comme de ces dernières bobettes sales pendant Katrina. Je comprends ça mais de le faire au prix des vies que les français venaient secourir, faut le faire. Pour une fois, une seule, les enjeux humains auraient pu prendre le dessus sur les tractations politiques impérialistes américaines.

Je me console cependant quand je vois cet élan de générosité surgir de toutes parts. Et pour une fois, nos premiers ministres se montrent un tant soit peu dignes de leurs fonctions. Ni l'un ni l'autre n'a hésité à offrir de l'aide et déployer des moyens importants, tant humanitaires qu'administratifs pour faciliter l'immigration d'Haïtiens ayant de la famille au pays. Reste à voir si les allégements administratifs en seront véritablement. Une fois n'est pas coutume mais cette fois je peux dire, chapeau messieurs!