vendredi 29 janvier 2010

Haïti, cadeau pour l'humanité

En tant qu'occidentaux, nous avons souvent, voire toujours, la fâcheuse habitude de regarder de haut les populations des pays sous-développés. De les considérer comme nous étant inférieurs parce qu'ils vivent dans un bidonville ou sont illettrés. Leur "insignifiance économique" nous fait souvent nous désintéresser d'eux. Bref nous nous croyons, à tort, bien supérieur à eux. Et pourtant...

Le monde se définit exactement comme une cour d'école, à peine plus complexe. Rappelez-vous qui avait les plus belles chaussures, les plus beaux manteaux ou les plus belles casquettes? Les plus évolués ou les plus riches? Qui était toujours le "roi de la montagne" au sommet du monticule de neige en hiver? Le plus évolué ou le plus fort? Qui avait le plus de billes dans son sac? Le plus évolué ou le plus habile? Vous me voyez venir? Les plus beaux, les plus forts et les plus riches doivent la plupart du temps leur situation qu'à un complexe concours de circonstances qui a fait d'eux des privilégiés, mais surtout pas des êtres supérieurs. Être beau, fort et riche n'est pas un défaut en soi, si ces qualités servent à autre chose qu'à nourrir notre gigantesque et insatiable ego occidental, obsédé davantage par la croissance économique que le bien-être de nos semblables.

La ferveur avec laquelle le peuple haïtien passe à travers cette épreuve est une formidable leçon de courage et de résilience. Chaque jour ils prient Dieu de les avoir épargné. Vous imaginez? Ils ne lui en veulent pas, ils le remercient! Pour certains le fait d'être croyant est un signe de sous-évolution. Mais que l'on croit en Bouddha, Allah, Jésus-Christ ou simplement en la beauté de la Vie, le fait de croire en quelque chose qui nous dépasse et nous englobe à la fois est pour moi au contraire un formidable signe d'évolution duquel nous pouvons tirer de grandes leçons. Et que dire de leur formidable capacité de résilience, cette qualité qui leur donne la force de rebondir, de traverser les épreuves pour continuer à vivre et surtout vivre heureux! Vous imaginez-vous en train de chanter après avoir perdus tous ceux que vous aimiez? C'est ce qui a fait la différence au sortir de la seconde guerre mondiale chez les survivants de l'holocauste. Certains se sont suicidés, d'autres ont vivotés semi-dépressifs le reste de leur vie tandis que d'autres ont rebondis et ont eus des familles et des parcours de vie exceptionnels. Je crois qu'il ne nous incombe pas de porter des jugements sur ces différents destins, mais par contre on peut certainement admirer les plus beaux d'entre eux et en prendre exemple.

Aujourd'hui nous devons considérer le drame Haïtien comme un inestimable présent offert à l'humanité. Bien sûr ce drame n'était pas nécessaire vous me direz. Vous avez raison. Mais il est là et c'est à nous de profiter de la chance qui nous est donnée à travers lui, pour affirmer notre humanisme et l'amour de notre prochain. Certains sont déjà en marche. Laissons tomber nos arrières-pensées et n'apportons avec nous que des sentiments justes et vrais. Ce monde a soif de solidarité, de compassion et d'entraide. Abreuvons-le.

samedi 16 janvier 2010

Il ne manque que l'URSS...

Triste spectacle cette semaine que cette énième tragédie qui s'abat sur Haïti. Dans mon cas, jamais auparavant une tragédie ne m'avait autant touchée. Le tsunami de 2004 était tout aussi dramatique. Mais, malgré les chiffres ou les images, je crois qu'il y a un seuil au-delà duquel cela n'a plus d'importance. Un drame c'est un drame. Mais dans le cas d'Haïti c'est l'accumulation. C'est le déluge qui a fait déborder une piscine de larmes déjà trop pleine. Le comble c'est que certains veulent pisser dedans en plus.

Y a qu'à voir le ballet politique qui se joue autour de cette tragédie, moi ça me donne la nausée. Ca n'a d'ailleurs pris que quelques heures avant de commencer. En tête de ligne? Celui qui mène ce bal du désespoir en dansant autour du cadavre? Obaman, super-zéro amaricain. Les zamaricains débarquent et dès le départ prennent le contrôle de l'aéroport. Geste louable en soit, jusqu'à ce que l'on s'aperçoive qu'ils choisissent qui atterrit et qui vire de bord. L'aéroport c'est la porte d'entrée de l'aide internationale, c'est la porte de sortie des ressortissants étrangers devenus un fardeau et qu'il est préférable de voir repartir. Et comme le port est détruit et inopérant, tout doit transiter par l'aéroport. Qui contrôle l'aéroport contrôle donc qui peut venir aider. Vous allez dire Pat t'exagères, y oseraient pas faire ça. Ça leur ressemble, mais pas ici, pas dans de telles circonstances. Malheureusement oui...

Comme vous l'avez sûrement remarqué, j'aime bien faire quelques petits rappels historiques. La connaissance et la compréhension du passé nous est essentielle pour comprendre ce qui se passe et se trame sous nos yeux aujourd'hui. Haïti c'est le premeir pays au monde issu de l'abolition de l'esclavage. En 1804, les anciens esclaves et les colonisés Haïtiens ont battus les troupes de Bonaparte et déclarés leur indépendance. Mais depuis, le pays est demeuré dans la sphère d'influence française, comme de nombreuses colonies africaines. Le nerf de la guerre c'est justement ça, la sphère d'influence. Jusqu'à tout récemment les américains avaient la main-mise sur tout le continent sud-américain à quelques exceptions près. Mais des politiciens comme Chavez, Morales ou Lula sont venus brouiller les cartes. La sphère se rapetisse. C'est d'ailleurs sujet de conflit entre les États-Unis et la Russie, au sujet de l'élargissement de la sphère d'influence américaine aux frontières de la Russie. La possible adhésion à l'OTAN de la Géorgie, ancienne république soviétique, est le point déclencheur de la guerre russo-géorgienne d'il y a deux ans.

Mais pourquoi avoir une sphère d'influence? Pour de multiples raisons. Quand un pays en fait partie, encore plus quand il relève d'une crise, ça permet d'y exporter tous les biens de consommation dont ils ont besoin, ou dont on décide qu'ils ont besoin. Ou encore dont on prévoit qu'ils auront besoin pour se reconstruire. Vêtements, nourriture, pétrole, médicaments, armements, véhicules, etc... Depuis quelques temps déjà les américains s'intéressent à Haïti pour y développer une industrie textile bon marché et ainsi diminuer leur dépendance et surtout l'envoi de capitaux en Chine. Mais la France y est présente aussi, traditionnellement, mais les relations se sont refroidis depuis 2000. Vous me suivez? Haïti devient donc une sphère disponible. Je vous le dis, il ne manque que l'URSS pour se disputer le terrain comme en Europe à la fin de la guerre. Le fameux plan Marshall pour reconstruire l'Europe après la guerre était un ambitieux projet d'aide financière américaine dont l'Europe n'aurait pu se passer. Mais la condition sine qua non était que l'argent devait servir à importer des biens en provenance des États-Unis. Les jours qui suivirent le présent désastre, les américains parlaient déjà d'un plan d'aide en faisant carrément référence au Plan Marshall. Vous me suivez?

Revenons sur Port-au-Prince. Hier, deux avions français, l'un contenant tout le matériel pour établir un hôpital de campagne et l'autre transportant tout le personnel pour l'opérer ont dû rebrousser chemin, se voyant refuser l'atterrissage par les américains prétextant un trafic trop important. Pendant ce temps, tous les appareils américains, même ceux transportant de simples journalistes, plus utiles qu'un hôpital de campagne, se sont vus accordés l'autorisation d'atterrir. La France s'est plaint mais peine perdue, ce sera pour une autre fois. Je crois la France de meilleure foi que les États-Unis mais ils peuvent toujours nous surprendre, comme au Rwanda en 1994 quand ils avaient permis aux génocidaires Hutus de trouver refuge en France en toute impunité.

Pendant ce temps Obaman envoie Hillary Clinton constater l'ampleur de la catastrophe. Non mais y était pas supposé faire de la politique différemment lui? Gagez-vous qu'elle va pouvoir atterrir elle? Pas besoin d'un politicien inutile de plus à nourrir! Les survivants ne sont même pas encore tous secourus des décombres et déjà des ressources vont être affectées à une visite officielle? C'est le bout de la bêtise. On dirait quasiment qu'il l'envoie planter le drapeau américain sur la désolation Haïtienne comme Armstrong l'a fait sur la lune. Hillary Clinton c'est bien la dernière personne que les Haïtiens ont besoin. Même leur président devrait être évacué tellement il est inutile et dépassé. Il y a en Haïti suffisamment de militaires et de diplomates internationaux de haut rang pour effectuer cette tâche. Mais que voulez-vous, les américains ont besoin de clips pour CNN et Clinton est bonne pour faire remonter les démocrates dans les sondages. Obaman veut surtout pas commettre l'erreur de Bush qui s'était sacré de la Louisianne comme de ces dernières bobettes sales pendant Katrina. Je comprends ça mais de le faire au prix des vies que les français venaient secourir, faut le faire. Pour une fois, une seule, les enjeux humains auraient pu prendre le dessus sur les tractations politiques impérialistes américaines.

Je me console cependant quand je vois cet élan de générosité surgir de toutes parts. Et pour une fois, nos premiers ministres se montrent un tant soit peu dignes de leurs fonctions. Ni l'un ni l'autre n'a hésité à offrir de l'aide et déployer des moyens importants, tant humanitaires qu'administratifs pour faciliter l'immigration d'Haïtiens ayant de la famille au pays. Reste à voir si les allégements administratifs en seront véritablement. Une fois n'est pas coutume mais cette fois je peux dire, chapeau messieurs!