mercredi 27 juillet 2011

L'arrogance américaine

La planète financière au grand complet se tient au bout de son siège ces jours-ci dans l'angoisse du fameux dénouement de la crise de la dette américaine. La première économie mondiale est incapable de surmonter ses divisions internes pour finir par accoucher d'une proposition sensée satisfaisant tout un chacun. Les choses se présentent mal depuis le début, pour na pas dire que c'est carrément un cas de siège...

Je ne connais pas tous les tenants et aboutissants de cette crise mais une chose que je sais par contre, c'est à quel point l'arrogance américaine risque une fois de plus de plonger la planète en récession alors que nous peinons encore à nous sortir de celle de 2008, causée en grande partie par l'éclatement de la bulle immobilière américaine et la non régulation de leurs produits dérivés.

Les deux camps campent sur leurs positions pourtant pas si loin l'une de l'autre. Les républicains tiennent mordicus à des coupes drastiques dans l'appareil gouvernemental alors que les démocrates veulent taxer davantage les plus riches (les millionnaires), ce que rejette d'emblée les républicains. On a amèrement l'impression que les politiciens américains profitent de cette crise pour tenter de faire le plus de torts possible à leur adversaire, faisant fi de leur responsabilité face au reste de la planète, qui retient son souffle, impuissant devant cette bataille d'ados irresponsables.

Le capitalisme pur et dur à l'américaine est une fois de plus sur le point de plonger la planète dans le marasme économique, comme en 1929 et en 2008. Car même si aujourd'hui une entente satisfaisant les protagonistes se pointait à l'horizon pour leur éviter un défaut de paiement, il apparaît de plus en plus probable qu'ils subiront quand même une baisse de leur cote de crédit, qui aura pour effet de faire augmenter les frais d'intérêts inhérents à leur 14 300 milliards de dette et de creuser davantage le profond déficit américain. Il y a plusieurs mois, la Chine, premier créancier de la dette américaine, abaissait déjà la cote de crédit des États-Unis devant leur manque de rigueur dans le redressement de leurs finances.

Les américains ont aujourd'hui un double défi. Celui de redresser sérieusement leurs finances publiques pour ne pas entraîner la planète avec eux dans leur chute; et celui de modifier profondément leur conception du capitalisme en imposant à leurs banques et leurs entreprises un minimum de rigueur par le biais de lois et de règlements efficaces. Ils aiment se targuer d'être la première puissance mondiale et n'hésitent pas à jouer les gendarmes en Irak ou en Afghanistan, tout en se foutant de l'impact de leurs actions sur le reste du monde. Ils aiment jouer aux gendarmes? Qu'ils le fassent chez eux, les places d'affaires regorgent de voyous, à commencer par ceux d'IQT.

lundi 18 juillet 2011

L'autobus du gros business

On a droit ces jours-ci à un véritable show à la sauce pétrolière conservatrice. Réunis en Alberta pour discuter d'une stratégie pancanadienne de l'énergie, les ministres des ressources naturelles du Canada ont pris dimanche et lundi l'autobus du gros business pour aller visiter des sites d'exploitation de sables bitumineux. Les frais de cette conférence annuelle étant défrayés en partie par l'industrie elle-même, on peut évidemment s'attendre à des résultats respectant les préoccupations de tous les canadiens...

Mais finalement je ne me fais pas trop de soucis, après tout le pétrole que nous consommons au Québec provient entièrement de la mer du nord, pompé en haute mer quelque part entre le Royaume-Uni et la Norvège. Alors les sables bitumineux, on s'en distingue socialement! Mais quand même je me demande si il viendrait à l'idée au roi Abdallah 1er d'Arabie Saoudite d'acheter du pétrole au Koweit ou à Hugo Chavez d'en faire venir de Russie.

Le Canada dort sur la deuxième plus grosse réserve mondiale de pétrole après l'Arabie Saoudite, soit 180 milliards de barils, mais continue d'en importer au gros prix du marché, tout en en exportant vers nos voisins américains! Nos réserves nous permettraient de tenir, selon le rythme actuel, plus de 200 ans. Commençons par servir le marché canadien correctement et stabiliser les prix qui ont encore bondis de 13 sous le litre la semaine dernière sans raison apparente hormis les vacances de milliers de familles québécoises.

Nous avons les moyens collectivement de nous payer le ''luxe'' de se servir de nos réserves de pétrole pour stabiliser les prix à la pompe et nous permettre d'absorber les hausses des dernières années. Là où le bat blesse c'est au niveau de la volonté politique, les leaders nous font défaut, tant à Ottawa qu'à Québec. Devrons-nous un jour nationaliser le futur pétrole du Québec comme nous l'avons fait avec l'électricité et s'offrir des tarifs décents? Après tout, Hydro-Québec, au final, c'est une belle réussite et surtout une vache à lait essentielle pour notre gouvernement. Nos richesses travaillant pour tous, un beau concept qui tend à se perdre malheureusement.




mercredi 6 juillet 2011

Le second procès du Dr Turcotte

À la surprise générale, le Dr Turcotte est déclaré non criminellement responsable de ses gestes. Soit, après réflexion je suis plutôt d'accord avec ce verdict. D'abord parce qu'il a été rendu de façon consensuel par onze citoyens ordinaires, hommes et femmes, d'âges et d'origines différents, mais aussi car je ne peux pas croire qu'un père aimant comme il a été démontré, qui à six heures louait des films de Walt Disney à ses enfants ait pu prémédité de les tuer à dix heures le même soir. Mais pourtant ce verdict me laisse sur ma faim, comme si le processus n'était pas terminé.

Si le soir du drame, Guy Turcotte avait omis d'attacher les ceintures de ses enfants dans la voiture, et que le destin ait placé sur leur route un chauffard ivre qui les aurait embouti et avait tué les enfants sur le coup, que serait-il advenu de lui? Aurions-nous pu l'accuser de négligence criminelle ayant causé la mort? Très probablement, car il était dans l'obligation légale de le faire. Tout comme les parents ont l'obligation légale de veiller à la sécurité et au bien-être de leurs enfants.

Je suis persuadé que Guy Turcotte a perdu la raison ce soir-là, mais à la lumière de tous les éléments présentés au procès, je ne crois pas que ce fut instantané. Il se revoit même en train de poignardé ses enfants et d'entendre son fils crier d'arrêter. Il y a eu escalade dans son esprit qui l'a mené à commettre cet ignoble geste. C'est pourquoi je crois aujourd'hui que nous devrions lui faire un second procès, celui-ci pour négligence criminelle ayant causé la mort.

Le soir du drame, quand il a lu la fameuse correspondance de son ex-conjointe et que les fils se sont touchés au point d'inquiéter sa mère à qui il a répondu au téléphone, il aurait du lui demander de passer prendre ses enfants. Ou encore il aurait pu les confier à un voisin ou au pire les abandonner seuls dans la maison pour aller boire son lave-vitre au bout d'un chemin sans issu. Mais il a négligé de protéger ses enfants contre lui-même et de ceci je le crois coupable et je lui ferais un procès pour négligence criminelle car il avait l'obligation légale de le faire. Il n'a pas prémédité de tuer ses enfants soit. Mais il n'a pas non plus cherché à les protéger. Tous les jours des hommes et des femmes abandonnent leurs enfants pour toutes sortes de raisons, souvent égoïstes mais parfois altruistes, dont celle de les protéger d'eux-mêmes. Cela donne des enfants blessés, mais bien vivants avec la vie devant eux.