jeudi 15 mars 2012

Le gel des idées

Ça y est! Les étudiants de l'UQTR sont en grève générale illimitée. Tout d'abord clarifions un point, une grève c'est une action collective consistant en une cessation concertée du travail et en aucun cas la définition d'une grève ne s'applique au mouvement étudiant actuel. Nous devrions plutôt parler de boycott puisqu'il s'agit d'un refus systématique de se prévaloir d'un service, ce qui est beaucoup plus près de la réalité.

Ce qui me désole dans le déroulement actuel des évènements c'est de voir à quel point les deux parties, le gouvernement et le mouvement étudiant, ignorent à peu près tout des problématiques de l'autre, et qui plus est se montrent tour à tour démagogues, maladroits et carrément stupides. Le gel des frais de scolarité n'est peut-être pas encore une réalité mais celui des cerveaux l'est assurément. Vivement le dégel du printemps!

D'un côté nous avons un gouvernement de lâches qui recherchent les solutions faciles et les remèdes miracles en augmentant de façon importante des frais de scolarité gelés depuis des décennies en pensant que ça passerait comme lettre à la poste. Voilà, la seule solution au sous-financement chronique des universités, c'est de refiler la facture aux étudiants, et par extension à leurs parents, pour la plupart des contribuables de la classe moyenne qui "contribuent" déjà pas mal au fameux modèle Québécois.

De l'autre côté on retrouve les étudiants, prompts à s'indigner en direct sur les réseaux sociaux grâce à leur téléphone portable intelligent, ou encore à en discuter autour d'un bon gros pichet de bière, mais qui oublient de proposer autre chose de plus intelligent que le gel pur et simple. On a même vu cette semaine un étudiant affirmer à la télé, le plus sérieusement du monde, que compte tenu du fait que les caisses de la Régie des rentes seraient vides lorsqu'il aura atteint l'âge de la retraite, qu'ils étaient donc en droit de profiter tout de suite de cet argent pour financer leurs études. Ouch...

Plusieurs recherches ont démontrés que l'accessibilité aux études supérieures ne dépend pas tant des frais de scolarité, mais plutôt de la qualité du régime de prêts et bourses en place. Le fait de ne pas avoir les moyens d'étudier est le frein en soi, non la perspective d'être endetté un peu plus ou un peu moins une fois ses études complétées. L'un des endroits au monde où il en coûte le plus cher pour étudier est le Vermont. Les frais de scolarité s'élèvent à près de 15 000$ par session. Pourtant le taux de fréquentation y est sensiblement le même que partout ailleurs dans les pays industrialisés, y compris les pays européens où les études sont totalement gratuites. La différence réside dans la culture américaine où l'éducation post-secondaire est très valorisé et où les associations d'anciens élèves sont très actives dans le financement de bourses privés. De plus, une autre pratique courante chez nos voisins du sud, c'est le paiement par l'employeur, à l'embauche ou après quelques années, de la dette d'étude de son employé, qu'il peut même inclure à ses dépenses d'entreprises à des fins fiscales.

Un changement de mentalité doit absolument s'opérer chez nous, et ce dernier peut se faire sans tout remettre en cause, même la notion de gel. On parle uniquement du gel des frais de scolarité, qui avec l'inflation et l'augmentation du coût de la vie au fil du temps en a résulté plutôt en une baisse des frais de scolarité. À ce moment je comprends mal pourquoi personne ne parle de gel de la participation financière des étudiants à leurs études. Nous pourrions geler la participation des étudiants à 15% des coûts réels de leur scolarité, ainsi les frais augmenteraient également et équitablement au rythme de l'augmentation du coût de la vie, auquel nous sommes tous confrontés.

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