vendredi 5 octobre 2012

Gentilly or not to be

La fermeture de Gentilly-2 constitue un très dur coup pour l'économie régionale, personne ne remet ce fait en question. Les 200 millions promis seront-ils suffisants? Je l'ignore. Mais une chose dont je sois certain, c'est que l'argument économique à lui seul n'a jamais tenu la route.

Examinons un peu l'histoire. Au début du vingtième siècle, l'électrification généralisée des villes et par conséquent de leurs réverbères, entraîna la disparition de tout un corps de métier; les allumeurs de réverbères. Il est évident que nous ne pouvions nous permettre de conserver les réverbères à l'huile sous l'unique prétexte que nous éliminions des centaines d'emploi de par le pays. Même principe avec les manufacturiers de corsets, de voitures à chevaux, les maréchaux-ferrants, etc... Les technologies évoluent et les industries doivent suivre le rythme. Ce que l'on perd d'un côté on le gagne de l'autre. Le plus bel exemple régional c'est Marmen et ses éoliennes.

L'argument économique à lui seul ne peut justifier la survie d'une industrie obsolète à coups de milliards. Et ça le nouveau gouvernement l'a bien compris, tout comme l'ancien d'ailleurs qui s'apprêtait lui aussi à fermer la centrale. Le refus de Jean Charest en campagne électorale, période propice aux promesses les plus folles, de s'engager à refaire la centrale en dit très long. C'est pathétique de voir M Diamond et Mme St-Amand déchirer leurs chemises aujourd'hui aux côtés de Mme Désilets. Ils ratent un beau rendez-vous avec l'histoire en se positionnant comme des victimes hypocrites et opportunistes au lieu d'être les leaders positifs que la région a tant besoin.

jeudi 26 avril 2012

Cours de désobéissance 101


Je sais que les étudiants faisant la grève refusent catégoriquement de suivre le moindre cours, mais je me risque quand même une petite suggestion. Je suis d'ailleurs surpris que les étudiants en histoire n'ont pas pris cette initiative car je ne peux concevoir qu'ils ne sont pas au fait de cet exceptionnel document que je m'apprête à suggérer et qu'ils doivent sans doute connaître, sinon leur programme a une lacune et une grosse.

Pour les besoins de leur cause nous pourrions l'intituler Cours de désobéissance civile 101. Qu'ils se rassurent, nul besoin de manuels ni de longues heures d'études, mais uniquement d'une télé, d'un lecteur DVD, d'un peu plus de trois heures de temps libre et d'un gros sac de pop-corn (facultatif). Le document nécessaire s'intitule simplement Gandhi, et est un chef-d'oeuvre cinématographique de 1982 s'étant mérité pas moins de huit oscars, dont celui du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur. Je sais que la plupart des étudiants en grève n'étaient pas de ce monde en 1982 mais ils apprendraient énormément d'un tel document.

Dernière suggestion que j'aimerais faire au mouvement étudiant c'est d'organiser une manifestation ouvertement pacifique et non-violente dans la ville de Québec, conduisant aux pieds du monument à l'effigie du Mahatma Gandhi. Ce monument, cadeau du gouvernement indien, a été installé en 2006 sur la place de l'Assemblée-Nationale, près de l'intersection de la Grande-Allée Est et de l'avenue Honoré-Mercier, au pied de la porte Saint-Louis. On pourrait même affubler son buste d'un carré rouge et profiter de l'occasion pour adopter cette vieille philosophie de non-violence. Je rêve en couleurs (sauf rouge), mais je crois qu'un changement d'attitude radicale s'impose et est possible. Même qu'il pourrait marquer un tournant dans l'attitude des associations étudiantes et par le fait même dans l'opinion publique, de moins en moins favorable et fière de sa jeunesse.

mercredi 11 avril 2012

L'omniprésente intimidation‏

Nous avons pleuré à la mort de la jeune Marjorie Raymond, victime d'intimidation à sa polyvalente. Nous avons salué le courage de la jeune Émanuelle Després, étudiante aux estacades, dont l'action a mené à une grande marche contre l'intimidation et à une pétition portée à l'Assemblée nationale par une députée de la région. Nous nous sentons tous interpellés par l'intimidation à l'école et avons tous salué les mesures annoncées par le gouvernement et les commissions scolaires pour s'attaquer à ce fléau. Mais en tant que société nous sommes d'une hypocrisie sans bornes.

D'aussi loin que je me souvienne, le principal vecteur de changement dans la société québécoise c'est justement l'intimidation. Partout, à tous les niveaux. Tantôt ce sont les syndicats, tantôt le patronat. Une autre fois c'est le gouvernement, ou encore les fédérations étudiantes. À Oka les Mohawks ont déclenchés la Crise d'Oka pour se faire entendre. En 1998 les producteurs de porc ont carrément bloqués l'autoroute 20 durant des heures. Il y a quelques mois, au port de Trois-Rivières, des grévistes ont coupés l'alimentation en air de scaphandriers pour leur faire comprendre qu'il était préférable pour leur santé de débrayer. Les exemples pleuvent dans l'histoire moderne du Québec.

Aujourd'hui c'est au tour des étudiants de "défier" le gouvernement et la société presque tout entière puisque majoritairement opposée à ce mouvement. Et de la façon qu'ils s'y prennent c'est carrément de l'intimidation. Car la différence entre les verbes défier et intimider, dans un tel contexte, relève du rapport de force. Le grand boutonneux de 15 ans qui "défie" un jeune de 12 ans de le rejoindre dans le stationnement après l'école, lui se sent probablement plus "intimidé" qu'autre chose.

Malheureusement l'usage de l'intimidation par un groupe peut parfois nous sembler justifié. Mais la ligne est très mince et fluctue au gré de l'opinion publique. Au final, dans un état de droit démocratique, comme le nôtre, les protestations et les manifestations même les plus légitimes devraient se traduire par un engagement politique citoyen plus poussé. Ainsi au lieu de réagir, nous pourrions agir et prévenir, par des décisions sensées prises au bon moment, de tels débordements. Après tout une démocratie c'est fait pour ça et c'est pourquoi je dis aux étudiants et revendicateurs de tout acabit, accaparez-vous du pouvoir par les voies en place, imparfaites peut-être mais enviées de bien des peuples à travers le monde, et soyez ce changement que vous désirez tant.

Alors là seulement nous serons en mesure d'affirmer honnêtement aux jeunes dans nos écoles que l'intimidation, c'est pas un bon moyen pour arriver à vos fins. Mais aujourd'hui c'est leur mentir en pleine face que d'affirmer une telle chose, et de ce fait nous semons les graines de leur cynisme futur.

jeudi 15 mars 2012

Le gel des idées

Ça y est! Les étudiants de l'UQTR sont en grève générale illimitée. Tout d'abord clarifions un point, une grève c'est une action collective consistant en une cessation concertée du travail et en aucun cas la définition d'une grève ne s'applique au mouvement étudiant actuel. Nous devrions plutôt parler de boycott puisqu'il s'agit d'un refus systématique de se prévaloir d'un service, ce qui est beaucoup plus près de la réalité.

Ce qui me désole dans le déroulement actuel des évènements c'est de voir à quel point les deux parties, le gouvernement et le mouvement étudiant, ignorent à peu près tout des problématiques de l'autre, et qui plus est se montrent tour à tour démagogues, maladroits et carrément stupides. Le gel des frais de scolarité n'est peut-être pas encore une réalité mais celui des cerveaux l'est assurément. Vivement le dégel du printemps!

D'un côté nous avons un gouvernement de lâches qui recherchent les solutions faciles et les remèdes miracles en augmentant de façon importante des frais de scolarité gelés depuis des décennies en pensant que ça passerait comme lettre à la poste. Voilà, la seule solution au sous-financement chronique des universités, c'est de refiler la facture aux étudiants, et par extension à leurs parents, pour la plupart des contribuables de la classe moyenne qui "contribuent" déjà pas mal au fameux modèle Québécois.

De l'autre côté on retrouve les étudiants, prompts à s'indigner en direct sur les réseaux sociaux grâce à leur téléphone portable intelligent, ou encore à en discuter autour d'un bon gros pichet de bière, mais qui oublient de proposer autre chose de plus intelligent que le gel pur et simple. On a même vu cette semaine un étudiant affirmer à la télé, le plus sérieusement du monde, que compte tenu du fait que les caisses de la Régie des rentes seraient vides lorsqu'il aura atteint l'âge de la retraite, qu'ils étaient donc en droit de profiter tout de suite de cet argent pour financer leurs études. Ouch...

Plusieurs recherches ont démontrés que l'accessibilité aux études supérieures ne dépend pas tant des frais de scolarité, mais plutôt de la qualité du régime de prêts et bourses en place. Le fait de ne pas avoir les moyens d'étudier est le frein en soi, non la perspective d'être endetté un peu plus ou un peu moins une fois ses études complétées. L'un des endroits au monde où il en coûte le plus cher pour étudier est le Vermont. Les frais de scolarité s'élèvent à près de 15 000$ par session. Pourtant le taux de fréquentation y est sensiblement le même que partout ailleurs dans les pays industrialisés, y compris les pays européens où les études sont totalement gratuites. La différence réside dans la culture américaine où l'éducation post-secondaire est très valorisé et où les associations d'anciens élèves sont très actives dans le financement de bourses privés. De plus, une autre pratique courante chez nos voisins du sud, c'est le paiement par l'employeur, à l'embauche ou après quelques années, de la dette d'étude de son employé, qu'il peut même inclure à ses dépenses d'entreprises à des fins fiscales.

Un changement de mentalité doit absolument s'opérer chez nous, et ce dernier peut se faire sans tout remettre en cause, même la notion de gel. On parle uniquement du gel des frais de scolarité, qui avec l'inflation et l'augmentation du coût de la vie au fil du temps en a résulté plutôt en une baisse des frais de scolarité. À ce moment je comprends mal pourquoi personne ne parle de gel de la participation financière des étudiants à leurs études. Nous pourrions geler la participation des étudiants à 15% des coûts réels de leur scolarité, ainsi les frais augmenteraient également et équitablement au rythme de l'augmentation du coût de la vie, auquel nous sommes tous confrontés.

mercredi 8 février 2012

Les amours usés

Parfois toute la force et la grandeur de la vie se révèle à nous au moment où l'on s'y attend le moins, et surtout de la manière qu'on s'y attend le moins. Jadis naguère, j'étais reçu à souper dans une famille que je n'avais, à l'époque, plus l'occasion de fréquenter régulièrement comme c'était le cas quelques années auparavant. Évidemment je connaissais tous ses membres dont le grand-père et la grand-mère, que nous avions l'habitude d'aller chercher, le dimanche, pour qu'ils passent la journée avec nous. Je m'inclus ici dans cette famille puisque j'y étais presque tout le temps à cette époque.

Quelques années s'étaient écoulées avant cette journée de retrouvailles, et malheureusement la grand-mère nous avait quitté entre-temps. Ne restait que le grand-père, que mon ami et moi avons été cherché tout naturellement, comme une vieille habitude qui n'attend qu'un signe pour reprendre vie. C'était la première fois que je revoyais cet homme depuis le départ de sa vieille, comme il se plaisait à l'appeler.

Le poids des années avait fait son oeuvre. Je retrouvai un homme diminué, chancelant, au discours ardu, souvenir d'un violent avc. Néanmoins, son sourire communicateur et son réel plaisir de nous voir parlait pour lui d'une voix sincère. Après ce chaleureux accueil, il s'en est allé, d'un pas lent mais empressé, prendre ses affaires, nous laissant près de la porte. C'était une modeste maison, qui visiblement avait connu des jours meilleurs. Néanmoins, ils y avaient vécu toute leur vie ou presque, en y élevant leur huit enfants et le triple de petits-enfants. Je ne l'aurais pas vu vivre ailleurs, ça l'aurait tué.

C'est alors que je remarquai sur le mur de la cuisine une photo grand format de la grand-mère, encadré telle une toile de valeur. Sauf que le cadre semblait abîmé juste en-dessous de la photo. Je demandai à mon ami, son petit-fils, le pourquoi du cadre brisé. Les sentiments qui m'envahirent, à sa réponse, me submergèrent telle une grosse vague que l'on n'a pas vu venir.

Le cadre n'était nullement brisé, il était usé par les marques de tendresse. Chaque fois qu'il passait devant il l'embrassait, en lui chuchotant un petit mot. Tellement qu'en quelques mois à peine, le cadre en était profondément usé. Il ne manqua pas à son habitude malgré notre présence, et juste avant de partir, il fit un petit détour pour l'embrasser une fois de plus.

Ce fut l'une des plus belles choses qu'il m'ait été donné de voir de toute ma vie. Et c'est un homme simple, un vieillard au coeur immense, qui me l'a donné. Merci Marcel.

mercredi 1 février 2012

Un commentaire qui n'était pas le "Boisvenu"

Dire l'impensable. Voilà ce qu'a fait le sénateur Boisvenu. Au Canada il est interdit par la loi d'encourager quiconque à se donner la mort. Alors imaginez lui fournir une corde, le message est alors on ne peut plus clair.

Pour mesurer l'ampleur de cette déclaration et surtout de la philosophie sous-jacente, il faut connaître l'importance et le rôle que joue ce non-élu au sein du gouvernement conservateur. Depuis sa nomination en 2010, il est devenu un porte-parole important du gouvernement dans sa défense des réformes judiciaires controversées. On peut désormais s'inquiéter de voir la question de la peine de mort resurgir dans l'agenda politique fédéral.

Cela dit si il m'arrivait la même chose qu'au sénateur Boisvenu, soit perdre un enfant aux mains d'un meurtrier, il est clair voire légitime de ressentir l'irrésistible envie de se venger. Pour ceux qui ne l'ont pas vu, louez Les sept jours du Talion avec Claude Legault, son personnage explore les profondeurs de la vengeance et de la colère dans un jeu terrifiant.

Mais notre société et ses gouvernements doivent se placer bien au-dessus de la vengeance et du ressentiment, qui ne sont pas reconnues pour être de très bonnes conseillères. Et jusqu'à maintenant, sur cette question, ça fonctionnait plutôt bien.

Cela dit, je crois que nous sommes mûrs pour pousser un peu plus loin notre réflexion à propos du traitement de ces criminels endurcis. Je parle de ceux déclarés criminels dangereux et qui jamais ne goûterons de nouveau à la liberté, même dans 25 ans. Ces hommes et parfois ces femmes dont les crimes dépassent l'entendement. Nous pourrions songer offrir, à ceux qui le souhaiteraient, un accompagnement et un soutien vers un suicide assisté. Non pas dans une optique de vengeance sociétale, mais plutôt dans une démarche visant à traduire notre empathie envers une personne souffrante dont la vie est dans une impasse. Hélas nous commençons à peine à l'envisager dans des cas de gens malades chroniques et condamnés à d'immenses souffrances. La vie est un bien précieux et sacré jusqu'au moment où tout espoir s'évanouit. Dès ce jour nous devrions pouvoir jouir de l'ultime liberté que nous interdit pourtant un pays que l'on dit libre, et de recevoir un minimum de soutien de sa part en ce sens, y compris derrière les barreaux.

lundi 8 août 2011

Frère Jacques, dormez-vous?

Cher Jacques, je t'écris aujourd'hui pour te raconter ma palpitante fin de semaine au Grand Prix de Trois-Rivières. Mon ami Jean-Philippe et moi avons assisté au GP les trois jours durant, de vendredi à dimanche. J'ai même ramené un pneu usé. Nous y avons vu un spectacle emballant et y avons rencontré une multitude de Québécois. D'ailleurs, heureusement que vous nous aviez prévenu qu'il n'y aurait que des gens d'ici car à voir à quel point tant de mes compatriotes parlaient anglais, il ne devait plus rester grand monde dans l'ouest de l'île de Montréal. Mais rassure-toi, je suis pas pire avec la langue de Shakespeare. Mais je n'ai aps remisé ma langue de Molières pour autant, oh que non! Même que deux rangées devant moi il y avait une petite famille d'immigrants français fraîchement débarquée. J'ai d'abord pensé que c'était des touristes mais ils avaient à peu près le même accent que toi, celui des hautains... heu... des hauteurs de Monaco.

Jacques, je me permets de te tutoyer car il y a longtemps déjà j'ai été un de tes grands fans, pour tes succès sur piste et non sur scène, je tiens à préciser, et que pour moi tu fais toujours partie de la grande famille Québécoise malgré ton exil monégasque. Mais je t'avoue cependant que je te sens de moins en mois Québécois quand tu te mets à parler en public, et pas juste pour ton accent. Tes propos de la semaine dernière envers le GP3R étaient d'une condescendance consommée et je souhaite de tout coeur qu'ils ne reflètent pas ton actuelle personnalité. Car ça, ce n'est pas Québécois, ton oncle en est la preuve vivante. Contrairement à ce que tu penses, le GP3R, tout comme ton opinion, cher Jacques, rayonne très loin. Et pour ce faire l'évènement de Trois-Rivières a besoin d'un petit coup de main. Car vois-tu, il y a des ces vedettes, pleines aux as, qui coûtent près de 50 000$ à recevoir. Et tu sais quoi? Le fan de courses en moi croit que le NAPA 200 mérite probablement un coup de main lui aussi. Car je suis de ceux qui croient qu'il est inutile de déshabiller Yves pour habiller Jacques. À bientôt frère Jacques!